Motivations


L'audiovisuel et le numérique constituent des médias technologiques. Les médias « technologiques » sont des objets techniques qui ne délivrent leur contenu qu’au moyen d’un appareillage technique particulier. Le contenu est éclaté entre une ressource inintelligible en tant que telle (un code numérique en mémoire, un signal analogique sur bande) et un dispositif de lecture qui permet de convertir cette ressource en une forme directement perceptible et intelligible, sous réserve d’un apprentissage culturel nécessaire. A la persistance et la pérennité d’une ressource inintelligible s’opposent désormais des vues intelligibles souvent éphémères et sans trace.


Les médias technologiques vont introduire une rupture fondamentale dans la mesure où ils rompent la solidarité constitutive des médias classiques entre support et contenu : pour un document imprimé, si je conserve le support, je conserve le contenu. Pour un document numérique, si je conserve le support (la ressource binaire), je n’ai rien conservé si je n’ai pas l’appareillage technique pour son accès. L’inhérence du contenu au support n’est pas respectée : le contenu n’est pas une propriété du support mais une reconstruction, multiple (on le peut le faire plusieurs fois) et plurielle (elle peut être différente à chaque fois) à partir de ce dernier. Si bien que les notions d’identité du document, authenticité, intégrité, fidélité devront nécessairement être revues pour tenir compte de cette nouvelle situation.



L’enjeu est de convoquer l’héritage de l’archivistique, de la bibliothéconomie et de la documentation pour penser à nouveaux frais la conservation et la transmission des médias technologiques :


  •     Comment un contenu audiovisuel et numérique peut être intègre, authentique, fiable et donc assurer un rôle de preuve ?
  •     Comment identifier un contenu et gérer sa place dans l’ensemble documentaire ?
  •     Comment caractériser l’information associée à ces contenus et gérer la tension signification – support ?


L’objectif est donc de construire un cadre théorique pour l'archive quand elle est constituée à partir des médias technologiques.


Bibliographie indicative


Sur le document :

BACHIMONT, B. (2007) Ingénierie des connaissances et des contenus : le numérique entre ontologies et documents, Paris, Hermès.

BACHIMONT, B. (2017). Patrimoine et numérique : Technique et politique de la mémoire. Bry sur marne: Ina-Editions.

Sur la théorie du support :


BACHIMONT, B. (2010). Le sens de la technique : le numérique et le calcul. Paris: Encres Marines / Les Belles Lettres.

BARBIER, F. (2006) L'Europe de Gutemberg ; Le livre et l'invention de la modernité occidentale, Paris, Belin.

CARRUTHERS, M. (2002) Le livre de la mémoire : la mémoire dans la culture médiévale, Paris, Macula.

CAVALLO, G. & CHARTIER, R. (Eds.) (1997) Histoire de la lecture dans le monde occidental, Paris, Seuil.

CHARTIER, R. (1997) Le livre en révolutions, Paris, Textuel.

DEBRAY, R. (2000) Introduction à la médiologie, Paris, Presses Universitaires de France.

GOODY, J. (1979) La raison graphique, la domestication de la pensée sauvage, Paris, Les Editions de Minuit.

GOODY, J. (1985) La logique de l'écriture, Paris, Armand Colin.

GOODY, J. (1994) Entre l'oralité et l'écriture, Paris, Presses Universitaires de France.

LÉVY, P. (1990) Les technologies de l'intelligence ; L'avenir de la pensée à l'ère informatique, Paris, La Découverte.

MARTIN, H.-J. (1996) Histoire et pouvoirs de l'écrit, Paris, Albin Michel.

VANDENDORPE, C. (1999) Du papyrus à l'hypertexte ; Essai sur les mutations du texte et de la lecture., Paris, La Découverte.

YATES, F. (1975) L'art de la mémoire, Paris, Gallimard.


Sur la philosophie de l'archive :

BACHIMONT, B. (2017). Patrimoine et numérique : Technique et politique de la mémoire. Bry sur marne: Ina-Editions.

DERRIDA, J. (1995) Mal d'archive, une impression freudienne., Paris, Galilée.

ESAMBERT, B. (2004) Le sacre de l'auteur, Paris, Seuil.

FOUCAULT, M. (1969) L'archéologie du savoir, Paris, Gallimard.

RICŒUR, P. (2000) La mémoire, l'histoire, l'oubli, Paris, Seuil.

VEYNE, P. (1971) Comment on écrit l'histoire, Paris, Seuil.

Sur la préservation numérique :

BACHIMONT, B. (2016). Document et technique : le temps de la préservation Les cahiers d'INCCA-F, Volume 1 : Documentation technique, techniques de documentation, 28-43.

BACHIMONT, B. (2013). Préservation culturelle numérique. In E. Gayou (Ed.), Musique et Technologie (pp. 11-32). Paris: Institut National de l'Audiovisuel

GLADNEY, H. M. (2007) Preserving Digital Information, Berlin, Springer.

MASANÈS, J. (Ed.) (2006) Web archiving, Berlin, Springer.

NONAKA, I. (1999) L'entreprise créatrice de savoir. Harvard Business Review. Paris, Editions d'Organisation.

NONAKA, I. & TAKEUCHI, H. (1995) La connaissance créatrice. La dynamique de l'entreprise apprenante., Bruxelles, De Boeck Université.

ROTHENBERG, J. (1999) Avoiding Technological Quicksand: Finding a Viable Technical Foundation for Digital Preservation. Washington, D.D., Council on Library and Information Resources.

ROTHENBERG, J. (2000) Preserving Authentic Digital Information. Authenticity in a Digital Environment. Washington D.C., Council on Library and Information Resources.

THIBODEAU, K. (2002) Overview of Technological Approaches to Digital Preservation and

Challenges in Coming Years. The State of Digital Preservation: An International Perspective. Washington D.C., Council on Library and Information Resources.

Sur le contexte numérique :

BACHIMONT, B. (2014). Le nominalisme et la culture:  questions posées par les enjeux du numérique. In B. Stiegler (Ed.), Digital Studies, organologie des savoirs et technologies de la connaissance (pp. 63-78). Paris: FYP Editions.


BACHIMONT, B. (2015). Le numérique comme milieu : enjeux épistémologiques et phénoménologiques. Principes pour une science des données. Interfaces numériques, 4(3), 385-402.


RIFKIN, J. (2005) L'âge de l'accès : la nouvelle culture du capitalisme, Paris, La Découverte.