Logiciels en contexte documentaire
Peu importe leurs profils de tâches, les professionnelles et professionnels de l'information croisent au quotidien de multiples logiciels : des logiciels système, des logiciels d'application, voire même pour certaines et certains des logiciels de programmation. Ils et elles seront tout particulièrement en contact avec des logiciels d'application spécialisés pour le contexte documentaire (logiciels documentaires). Nous ferons un tour rapide des différents types de logiciels dans un premier temps. Nous terminerons en abordant les différents modes de distribution et d'utilisation des logiciels.
Remarque :
Les logiciels mentionnés dans les notes de cours ne sont que des exemples pour illustrer les différents types de logiciels. Il en existe bien entendu d'autres, et bien d'autres apparaîtront dans le futur. L'offre de logiciels est en effet en perpétuelle mouvance. Certaines ressources Web peuvent être utiles à connaître pour s'informer sur ce qui existe comme, entre autres, http://alternativeto.net, qui s'intéresse aux logiciels libres.
Logiciels système
Toute personne qui utilise un ordinateur fait usage de logiciels système[1] souvent sans même y penser, ces derniers s'exécutant en arrière-plan pour soutenir les interactions avec les ordinateurs. Pour une opération aussi simple que de télécharger un fichier PDF et l'imprimer, plusieurs logiciels système entrent en action : du BIOS lors du démarrage de l'ordinateur, au système d'exploitation en passant par un antivirus et finalement un pilote d'imprimante.
Exemple : Exemples de logiciels système
Vous retrouverez ci-dessous quelques exemples de logiciels système :
BIOS[2] : Prend l'ordinateur en charge au moment du démarrage. Met en mémoire le système d'exploitation afin que celui-ci s'exécute et prenne en charge le contrôle de l'ordinateur.
UEFI[3] : Remplaçant du BIOS sur des ordinateurs plus récents.
Système d'exploitation (SE ; en anglais OS[4]): Contrôle et gère les ressources matérielles de l'ordinateur. Permet l'exécution et le fonctionnement des logiciels d'application. Assure la liaison entre matériel, applications et utilisateurs (ex. : Windows 8, Linux, Mac OS X, Unix, iPhone 4.0, Android).
Utilitaire : Participe à la gestion des ressources du système. Exécute une tâche ou un petit nombre de tâches très spécifique(s) (ex. : coupe-feu, antivirus, défragmenteur de disque).
Pilote : Permet au système d'exploitation d'interagir avec un outil périphérique spécifique (ex. : les pilotes d'imprimante).
Logiciels de programmation
Certains profils de poste en contexte documentaire impliquent des tâches plus technologiques. Pensons, par exemple, à un(e) bibliothécaire-système responsable de l'architecture informatique d'une bibliothèque ou à un(e) analyste spécialisé(e) en gestion électronique des documents. Ces personnes pourraient utiliser dans le cadre de leur travail des logiciels de programmation[5] afin de développer ou maintenir certaines applications.
Exemple : Exemples de logiciels de programmation
Vous retrouverez ci-dessous quelques exemples de logiciels de programmation :
Symfony (développement Web PHP)
Visual Studio (développement d'applications)
Dreamweaver (développement de sites Web)
Oxygen (éditeur XML)
Il est à noter que certains pourraient s'étonner de retrouver un logiciel comme Dreamweaver dans cette liste. Comme HTML est un langage descriptif et non procédural, certains le considèrent plutôt comme un logiciel d'application.
Logiciels d'application
Le type de logiciel le plus souvent utilisé sur un ordinateur est le logiciel d'application[6] afin d'effectuer les tâches utiles au travail ou au loisir : traitement de texte, navigateur internet, tableur, etc. Certains de ces logiciels d'application répondent à des besoins individuels (c'est-à-dire des tâches effectuées de manière indépendante par une seule personne), d'autres à des besoins corporatifs (c'est-à-dire des tâches partagées par plusieurs personnes).
Exemple : Exemples de logiciels d'application pour des besoins individuels
Le tableau ci-dessous présente quelques exemples de logiciels d'application généraux répondant à des besoins individuels.
Logiciels | Description |
---|---|
Suites bureautiques | Une suite bureautique est un ensemble de logiciels destinés à accomplir des activités de bureau (traitement de texte, présentation, tableur, etc.), par ex., Microsoft Office 365, LibreOffice, WordPerfect Office, iWork. Bien que les suites bureautiques soient souvent installées en monoposte (c'est-à-dire sur un seul ordinateur), on en retrouve maintenant accessible sur le Web comme un logiciel-service[7] (par ex. Microsoft Office 365, iWork pour iCloud). On retrouve habituellement dans une suite bureautique un logiciel de traitement de texte, un logiciel de présentation et un logiciel de tableur. À ces trois logiciels de base peuvent s'ajouter d'autres logiciels qui varient selon les suites bureautiques (par exemple, un logiciel de base de données ou un logiciel de dessin). |
Navigateurs web | Les navigateurs web sont des logiciels installés en monoposte pour afficher les pages web et exploiter les liens hypertextes comme, par exemple, Firefox, Edge, Safari, Chrome, Opera. |
Logiciels de traitement de l'image | Les logiciels de traitement de l'image permettent de retoucher des images. Ils sont installés habituellement en monoposte, mais peuvent aussi exister en logiciel-service. Par ex. : Paint Shop Pro, Photoshop, GIMP. |
Exemple : Exemples de logiciels d'application pour des besoins corporatifs
Vous retrouverez dans le tableau ci-dessous quelques exemples de logiciels d'application qui répondent cette fois à des besoins corporatifs. Ils sont habituellement installés sur un serveur.
Logiciels | Description |
---|---|
Systèmes de gestion de contenu | Un système de gestion de contenu (content management system - CMS) facilite la création, la publication, la gestion et l'organisation des contenus (documents, tâches, formulaires, etc.) comme, par exemple, Sharepoint. Ce type de système permet habituellement d'accomplir les tâches suivantes :
|
Un SGBD est un système de gestion de bases de données pour organisations/entreprises, comme, par exemple, Oracle Database ou SQL Server. | |
Progiciels de gestion intégrée (PGI) | Un PGI est un système présentant un ensemble de modules conçus pour gérer les ressources (humaines, financières, matérielles) et coordonner/soutenir les activités (vente, distribution, approvisionnement, production) d'une organisation comme, par exemple, SAP ERP ou PeopleSoft. |
Remarque :
Tant pour les logiciels d'application pour des besoins individuels que ceux pour des besoins corporatifs, les exemples présentés ci-dessus ne sont que quelques-unes des possibilités. Leur liste est pratiquement infinie en raison de la multitude de tâches que l'on peut vouloir effectuer sur un ordinateur. Il existe ainsi des sous-catégories de logiciels d'application en fonction de domaines de spécialisation. On retrouvera par exemple des logiciels d'application propres au contexte documentaire, que l'on nommera des logiciels documentaires, qui sont décrits dans la prochaine section.
Logiciels documentaires
Définition :
Un logiciel documentaire est un logiciel d'application spécialisé pour le contexte documentaire. Il s'agit ainsi d'un logiciel permettant d'effectuer des tâches utiles pour la gestion de l'information.
Le tableau ci-dessous présente quelques exemples de logiciels documentaires spécifiques à différentes tâches.
Logiciels | Description | Exemples |
---|---|---|
Logiciel de production d'index | Ce type de logiciel soutient l'élaboration d'index de livres ou de publications périodiques. Il peut aussi être utilisé pour élaborer un glossaire. Chaque entrée de l'index est enregistrée dans une notice. Le logiciel permet de générer l'index. | On retrouve installés dans les laboratoires de l'EBSI CINDEX et HTML Indexer. |
Logiciel de gestion de thésaurus | Ce type de logiciel soutient l'élaboration de thésaurus (développement, construction, gestion, maintenance, publication (papier et/ou web)). Chaque terme du thésaurus est enregistré dans une notice et le logiciel permet de générer le thésaurus. | On retrouve installé dans les laboratoires de l'EBSI MultiTes Pro. Un autre exemple de logiciel de cette famille est TemaTres qui a entre autres été utilisé pour produire la Terminologie archivistique de l'EBSI. |
Logiciel de production de résumés | Ce type de logiciel est capable de condenser un texte de façon automatique au moyen d'algorithmes complexes. Il génère ainsi automatiquement des résumés soit en extrayant les phrases les plus représentatives du texte ou en générant de nouvelles phrases en ne conservant que les mots les plus importants (ou une combinaison de ces deux méthodes). Il peut aussi générer une liste des concepts les plus importants qui sont traités dans le texte. | |
Logiciel de gestion bibliographique | Ce type de logiciel permet la collecte, la gestion et l'utilisation de références bibliographiques. Il est ainsi utilisé pour créer des bases de données bibliographiques en saisissant ou en important les informations à partir de bases de données ou de catalogues. Il permet de générer des bibliographies selon différents formats bibliographiques (Chicago, APA, MLA, etc.). | EndNote et Zotero sont installés dans les laboratoires de l'EBSI. |
Logiciel de gestion intégrée de documents | Ce type de logiciel soutient la gestion des archives (historiques ou courantes) imprimées et/ou numériques. Il permet généralement d'accomplir les tâches suivantes :
| ArchiLog et Constellio sont installés dans les laboratoires de l'EBSI. Documentik GID et Docuthèque sont deux autres exemples de logiciel de ce type. |
Système intégré de gestion de bibliothèque (SIGB) | Ce type de système propose un ensemble de modules exploitant une même base de données afin de gérer et donner accès aux ressources d'une bibliothèque. On y retrouve entre autres un module pour le catalogage, un module pour le catalogue d'accès public, un module pour la circulation. D'autres modules peuvent s'ajouter (acquisition, réserve de cours, etc.). | Regard est un SIGB québécois de la compagnie GRICS utilisé en contexte de bibliothèque scolaire. Koha est un exemple de SIGB libre. |
Logiciel de bibliothèque numérique | Ce type de logiciel permet d'organiser, de préserver et de diffuser des documents numériques ainsi que les métadonnées sur ces derniers. "Bibliothèque" est ici à prendre dans le sens de collection de documents numériques et non d'une institution. On peut retrouver ce type de logiciel tant dans une bibliothèque qu'un centre d'archives ou un musée pour des collections spéciales ou rares ayant été numérisées par exemple ou pour des dépôts institutionnels. | Ex. d'implantation en milieux documentaires :
|
Système de gestion de ressources électroniques | Ce type de système offre des outils d'aide à la gestion des ressources en format numérique (exemple de ressources en format numérique : les abonnements à des périodiques électroniques d'une bibliothèque), pour supporter entre autres les fonctions suivantes :
| Coral est un exemple de ce type de logiciel. |
Cette liste n'est bien entendu pas exhaustive, mais vise dans un premier temps à illustrer ce que l'on entend par logiciel documentaire. Nous continuerons d'explorer cette notion tout au long de la session.
Modalités de distribution et d'utilisation des logiciels
Lorsque vient le temps de se procurer un logiciel, il est important de s'attarder à certaines de ses caractéristiques intrinsèques. Il y a bien entendu le ou les systèmes d'exploitation sur lesquels on peut l'utiliser. Un autre facteur d'importance est le modèle de distribution retenu, certains logiciels pouvant être payants ou gratuits par exemple, ainsi que les modalités d'utilisation (certains logiciels pouvant permettre qu'on les modifie). Entre autres, dans les exemples de logiciels donnés précédemment, certains étaient des logiciels propriétaires (par ex. Office 365 et Photoshop), d'autres sont des logiciels libres (par ex. Koha, LibreOffice et Greenstone). Il importe de distinguer les différents modèles de distribution et d'utilisation afin de comprendre les enjeux qui leur sont propres. Le tableau ci-dessous présente les principaux termes associés aux modalités de distribution et d'utilisation des logiciels.
Appellation | Description | Exemple | Commentaire |
---|---|---|---|
Publiciel / Logiciel public (public domain software) | "Logiciel pour lequel le concepteur a renoncé à ses droits d'auteur, et qui peut donc être copié, distribué et transformé librement." ( OQLF[9], 2020, http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=2074868) | SQLite (pour les bases de données) | Publiciel est aussi un terme utilisé pour désigner les logiciels publicitaires (adware) |
Partagiciel / Contribuciel (shareware) | "Logiciel sur lequel le programmeur conserve ses droits d'auteur, qui est distribué gratuitement à l'essai et pour lequel on doit verser une certaine somme en cas d'utilisation durable." ( OQLF[9], 2020, http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=1299145) | PDF Annotator (annotation de fichiers PDF; version d'essai gratuit de 30 jours) | |
Gratuiciel (freeware) | "Logiciel sur lequel le programmeur conserve ses droits d'auteur, mais ne réclame pas de redevances, et qui peut donc être copié et distribué gratuitement." ( OQLF[9], 2020, http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=1299144) | Acrobat Reader (pour la lecture de fichiers PDF) | |
Logiciel propriétaire (proprietary software) | "Logiciel protégé par des droits d'auteur et distribué sans son code source par la personne physique ou morale l'ayant créé, pour lequel il est nécessaire d'acquérir une licence d'utilisation." ( OQLF[9], 2020, http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=8371434) | Microsoft 365 (suite bureautique) | L'acquisition d'une licence d'utilisation est payante. |
Logiciel-service (Software as a service - SaaS) | "Logiciel standard hébergé sur les serveurs d'un fournisseur de services et généralement accessible par Internet moyennant un abonnement." ( OQLF[9], 2020, http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=26519822) | Dropbox (logiciel-service de stockage) | L'accès à un logiciel-service est parfois payant, parfois gratuit. La gratuité est toutefois à comprendre sur le plan économique! Bien que l'on ne paye rien par exemple pour utiliser les applications de l'écosystème Google, il rentabilise ses services à l'aide de l'information qu'il recueille sur ses utilisateurs. |
Logiciel libre (free software) | "« Logiciel libre » [free software] désigne des logiciels qui respectent la liberté des utilisateurs. En gros, cela veut dire que les utilisateurs ont la liberté d'exécuter, copier, distribuer, étudier, modifier et améliorer ces logiciels." (Free Software Foundation, 2019, https://www.gnu.org/philosophy/free-sw.fr.html) | GIMP (logiciel de traitement d'images) | |
Logiciel open source (open source software) | "A free and openly distributed software program intended to allow users to improve upon and further develop the program." | Koha (système intégré de gestion de bibliothèque) |
Deux éléments distinguent plusieurs des différentes appellations présentées : (1) le fait que la personne qui crée le logiciel conserve ou non ses droits, et (2) la possibilité (ou non) de copier, modifier et distribuer le logiciel.
Logiciel libre et logiciel open source
La question du logiciel libre et du logiciel open source mérite qu'on y porte une plus grande attention. Bien que parfois utilisés comme synonymes, logiciel libre et logiciel open source sont deux termes qui recouvrent des réalités différentes sur certains points, et similaires sur d'autres.
D'un point de vue historique, c'est le logiciel libre (free software) qui a vu le jour en premier. Ce mouvement est né en réaction au modèle des logiciels commerciaux propriétaires qui limite l'accès aux logiciels. En 1985, Richard Stallman, un programmeur américain, a fondé la Free Software Fondation qui a pour mission de promouvoir le logiciel libre. C'est à ce moment que les quatre libertés que devraient avoir les utilisateurs d'un logiciel ont été définies :
la liberté de l'utiliser peu importe la finalité,
la liberté de pouvoir étudier comment il fonctionne et de pouvoir l'adapter à ses besoins,
la liberté de pouvoir redistribuer des copies pour aider les voisins,
la liberté d'améliorer le logiciel et de rendre ces améliorations accessibles au public pour que la communauté en profite.
C'est ce que le mot "free" signifie : liberté (et non gratuité). Le mouvement du logiciel libre vise ainsi à protéger ces quatre libertés (Free Software Foundation, 2019, https://www.gnu.org/philosophy/free-sw.html). Un logiciel libre doit être publié sous une licence libre. Plusieurs licences libres peuvent être utilisées dont la GNU General Public License (voir https://www.gnu.org/licenses/license-list.html pour plus d'information).
C'est en 1998 qu'un sous-groupe du mouvement du logiciel libre s'en est dissocié pour lancer l'Open Source Initiative voulant relancer le mouvement avec une approche moins agressive par rapport au milieu des affaires ( Jaffe & Careaga, 2007[11]). Un logiciel est considéré comme open source s'il respecte dix critères qui incluent le fait que sa redistribution est libre, que son code source est accessible et modifiable et qu'il peut être redistribué sous les mêmes conditions (Opensource.org, 2007, https://opensource.org/osd). Différentes licences peuvent être utilisées pour les logiciels open source (voir https://opensource.org/licenses/category).
Ce qui rapproche les deux philosophies est la volonté de rendre accessible le code source des logiciels afin de permettre de les modifier et de les redistribuer. Selon certains auteurs, les différences entre les deux sont principalement idéologiques. Richard Stallman le résume ainsi (Stallman, 2016, https://www.gnu.org/philosophy/floss-and-foss.fr.html) :
Au sein de la communauté du logiciel libre, il existe deux bords politiques : le mouvement du logiciel libre et celui de l'open source. Le mouvement du logiciel libre fait campagne pour la liberté des utilisateurs d'ordinateurs ; nous affirmons qu'un logiciel privateur représente une injustice envers ses utilisateurs. Le camp open source refuse d'y voir un problème de justice vis-à-vis des utilisateurs et base uniquement son argumentation sur la notion d'avantages pratiques.
Afin d'éviter d'avoir à prendre parti pour une des deux positions, le terme FLOSS (Free/Libre and Open Source Software) peut être utilisé pour faire référence aux deux mouvements simultanément et demeurer neutre (Stallman, 2018, https://www.gnu.org/philosophy/floss-and-foss.fr.html).
Il existe des préjugés encore de part et d'autre entre les archi-convaincus des FLOSS et les archi-convaincus des logiciels propriétaires :
Les premiers voient les logiciels propriétaires comme sur-évalués au niveau du prix, limités au niveau des fonctionnalités ainsi que des possibilités d'adaptation à un contexte particulier.
Les seconds perçoivent les FLOSS comme bogués, ternes et difficiles à gérer. L'absence d'un "soutien technique dédié" du producteur du logiciel est entre autres un élément qui peut générer certaines craintes.
Rien n'étant jamais aussi tranché noir et blanc, chacun comporte des avantages et des faiblesses. Le FLOSS a l'avantage de l'ouverture qui, s'il vient accompagné d'une communauté active, permet aux logiciels d'évoluer selon les besoins de la communauté et permet de l'offrir gratuitement sans coût d'achat. Cependant, il est important de comprendre qu'il n'y a pas que le coût d'achat à considérer. L'idée qu'un FLOSS est gratuit n'est ainsi pas toujours juste. Il pourrait y avoir des coûts d'implantation (et parfois de la migration), de mise à niveau du matériel, d'hébergement, de mise à jour, de support et de formation. Tous ces éléments doivent être pris en compte lorsque l'on envisage un FLOSS (comme on le fait pour un logiciel propriétaire).
De plus, la "communauté active" est un mot-clé ici – sans cette dernière, les fonctionnalités offertes pourraient ne pas convenir et le support ne pas suffire. Les coûts associés à l'implantation d'une telle solution, sans communauté active et support, pourraient devenir très grands comme l'organisation devra elle-même modifier le logiciel selon ses besoins ainsi que former ses utilisateurs. Cela fait partie des caractéristiques importantes pour qu'un logiciel libre soit intéressant selon Breeding (2016, p.18)[12] : « To stand as a viable option, an open source product must offer competitive levels of functionality, a sustainable business model, and a community for ongoing development. »
Les FLOSS rejoignent certaines valeurs bien ancrées en sciences de l'information quant à l'importance de l'accessibilité de l'information ( Breeding, 2016[12], p. 18; Puckett, 2012[13]) :
In practical terms, both the OSS community and the profession of librarianship value open standards for its ability to promote accessible information. [...] In many senses, OSS represents a manifestation of the same cultural and economic factors behind other movements toward free information in academic librarianship, like open access journal publishing ( Morgan, 2004[14] [cité dans Puckett (2012)]).
Des solutions libres existent pour beaucoup de types de logiciels documentaires comme, par exemple Koha (système intégré de gestion de bibliothèques). On en parle beaucoup du côté des bibliothèques, même si certains trouvent que leur implantation n'est pas assez répandue. Selon Breeding[12] (2016, p. 17), le niveau d'implantation de solutions libres en bibliothèques varie selon différents facteurs dont le type de système, le type ou la taille des bibliothèques et la région.
En résumé...
Rappel :
Les professionnelles et professionnels de l'information utilisent dans leur quotidien de multiples logiciels (logiciels système, logiciels d'application, voire même logiciels de programmation). Parmi les logiciels d'application utilisés, certains servent à répondre à des besoins individuels et d'autres à des besoins corporatifs. S'y retrouvent aussi des logiciels spécialisés au contexte documentaire que l'on nomme des logiciels documentaires : systèmes intégrés de gestion de bibliothèque, logiciels de gestion bibliographique, logiciels de gestion intégrée de documents, etc.
Lorsque vient le temps de choisir un logiciel, il importe de réfléchir au modèle de distribution et d'utilisation à retenir en fonction des besoins et des ressources de l'organisation. L'accessibilité de l'information étant au cœur du système de valeurs des professionnelles et professionnels de l'information, le modèle des logiciels libres ou des logiciels open source (FLOSS) est un modèle d'intérêt comme il met de l'avant l'importance de l'accessibilité des logiciels et des droits des utilisateurs. Il importe ainsi de les considérer, tout en gardant à l'esprit que le coût d'achat d'un logiciel n'est pas le seul coût à prendre en compte. Le fait que l'acquisition des logiciels FLOSS soit exempte de coût ne rend pas leur utilisation gratuite pour autant. Toutefois, un logiciel FLOSS entouré d'une communauté active ouvre des portes quant aux possibilités d'adaptabilité des logiciels.